Une fois n’est pas coutume, je vais un peu dĂ©vier du thème du blog.
Cette fois, je vais vous parler d’une expĂ©rience personnelle et professionnelle. Bien Ă©videmment, je ne vais ni nommer les lieux, ni les personnes, ni mĂŞme l’entreprise, je vous dirais pourquoi par la suite.
Sachez pour commencer que malgrĂ© mes dĂ©boires lĂ bas, je ne dirais pas que c’est une mauvaise entreprise, et je n’ai pas l’intention de les jeter dans la boue ; globalement, j’ai bien apprĂ©ciĂ© ces 2 annĂ©es passĂ©s lĂ bas, par l’ambiance, le travail, les horaires, l’expĂ©rience globale que j’ai pu y recevoir, et j’ai mĂŞme quelques anecdotes qui m’ont fait vraiment apprĂ©ciĂ© l’entreprise.
D’ailleurs, pour appuyer mes dires, je vais vous en rĂ©vĂ©ler une petite partie .
Comme tout le monde, je ne suis pas exempt de dĂ©fauts. J’ai commis des erreurs professionnelles, et je ne le nie pas. La première, qui reviendra surement dans l’esprit de tout mes ex-collègues, fut cette virĂ©e en voiture. Quotidiennement, nous devions amener pour contrĂ´le des articles (je ne dĂ©taillerai pas le sujet), et on devait faire un peu de route. Un jour, revenant du lieu de contrĂ´le, Ă la sortie du bâtiment (sur une rampe merdique en colimaçon, assez raide), un camion poubelle bloque le passage. Je freine, m’arrĂŞte. Il me voit, et me fait signe de reculer. Je pensais qu’il avait assez de place, mais qu’Ă cela ne tienne, je jette un coup d’Ĺ“il dans le rĂ©tro, ne voit rien (normal vu que c’est en colimaçon), recule et… Bang. Une motocyclette Ă©tait derrière moi, dans un angle mort.
Je ne vais pas dĂ©tailler la scène, mais au final, la personne, qui Ă©tait assez âgĂ©e, a du ĂŞtre hospitalisĂ©e, et c’est bien moi qui me suis pris l’amende (quand tu recules, si accident, t’es responsable).
Entre parenthèses, j’avais commencĂ© le travail 2 mois avant environ, je devais encore faire plus ou moins mes “preuves”, et j’ai pensĂ© que j’allais ĂŞtre remerciĂ©. Ben non. J’ai Ă©tĂ© gardĂ© et n’ai pas du dĂ©bourser un centime pour cette histoire, l’entreprise s’Ă©tant chargĂ© de tout.
Bien sĂ»r, vu que j’Ă©tais au travail et que j’utilisais une voiture de fonction, ce n’Ă©tait pas moi le responsable lĂ©galement, mais l’entreprise ; mais quant mĂŞme, c’est un geste sympa.
Seconde grosse bĂ©vue (je n’en ai que 3 et les 2 suivantes sont dues Ă un stress un peu abusĂ©, je donnerais plus de dĂ©tails par la suite Ă ce propos).
Commande urgente. Le camion part dans dans quelques minutes. Un article sanitaire (qui doit donc partir le plus vite possible) doit ĂŞtre analysĂ©. Je le fais contrĂ´ler, il passe, j’ouvre le coffre, y dĂ©pose le colis (le colis fait plus de 20 kilos et est volumineux) et les clĂ©s, et… Referme le coffre. Oui oui, vous avez bien compris, comme un con, je reste dehors, enfermĂ©. Bien sĂ»r, la voiture est relativement neuve, donc pas moyen de forcer son ouverture, Ă moins de briser une vitre. J’ai donc du attendre que le propriĂ©taire de la voiture aille chercher le double des clĂ©s (qu’il avait laissĂ© chez lui), et bien sĂ»r, le colis n’est pas parti Ă temps, une navette spĂ©ciale a du ĂŞtre dĂ©pĂŞchĂ©e.
Oui, ça peut arriver, mais au boulot, ça le fait moins. A part quelques tirades, je n’ai rien eu.
Troisième bĂ©vue : un matin, on m’a assignĂ© Ă une tâche que je ne devais pas faire, en plus des autres taches, toutes urgentes bien Ă©videmment : ouvrir des colis pour rĂ©cupĂ©rer des informations manquantes, par exemple, pas de facture, facture suspecte (genre 30 kg d’habits pour 10€), manque de dĂ©tails, etc.
Quelques jours plus tard, je suis appelĂ© chez le chef, jamais bon signe. Il me demande si c’Ă©tait moi qui avait fait la tache. Après rĂ©flexion, j’acquisse. Il me dit alors qu’un diamant a disparu, et que j’Ă©tais soupçonnĂ©. Ah ? Euh o_O
Après rĂ©miniscence, il s’avère que je n’ai pas bien fermĂ© l’emballage du diamant (j’aurais du mettre du scotch), le colis par la suite a bien Ă©tĂ© fermĂ©, mais lorsque j’ai remis l’emballage dans le colis, le diamant est tombĂ© ; Ă©tant minuscule, je ne l’ai pas vu.
Fort heureusement, cette histoire (qui a Ă©tĂ© assez loin chez le client, normal en mĂŞme temps) s’est bien terminĂ©e, puisque j’ai retrouvĂ© le diamant.
Bref, 3 erreurs en 2 ans, ça va encore, il y’a pire, surtout que ces erreurs n’ont finalement eu aucune consĂ©quences. Le premier cas peut arriver Ă tout le monde, le second est un peu plus handicapant j’avoue et le troisième, je doute que je sois le seul qui ai perdu un article (sauf que celui-ci coutait 300€). Je prĂ©cise que je ne dis pas ça en l’air hein, il Y’A eu pire.
Venons en au cĹ“ur du sujet. J’ai Ă©tĂ© embauchĂ© en mi-2007 par intĂ©rim, pour une grande sociĂ©tĂ©.
N’ayant pas forcĂ©ment une allure de fonceur, je fus vite soupçonnĂ© d’ĂŞtre un glandeur. Le travail commençant tĂ´t, 7h30, ne m’aidant pas (je suis pas vraiment du matin, 9-10h me semble bien, avant c’est trop tĂ´t, alors 7h30, l’horreur, surtout que je devais me lever Ă 6h du coup), j’avais souvent une allure de flemmard, je ne le nie pas, mais c’est mon allure naturelle, je n’y peux rien.
Malheureusement, beaucoup de semblent pas connaĂ®tre l’adage “l’habit ne fait pas le moine” (”mĂ©fier vous de l’eau qui dort”, me diras t-on par la suite d’ailleurs), et beaucoup se font donc des films me concernant. Je fus donc “suivi” pendant environ 2 mois. Par tout le monde, c’est Ă dire les autres intĂ©rim, les dĂ©clarants, et mĂŞme les boxiers (on les nommait comme cela, ce sont les personnes qui se chargent de charger les camions et d’agencer le local qui stock les colis).
Moi (naĂŻf diront certaines personnes, ce n’est mĂŞme pas le cas), je n’ai cherchĂ© pas plus loin, et je trouve mĂŞme normal ce suivi, faut bien tester les gens.
3 mois passent. Je suis dĂ©sormais “intĂ©grĂ©” dans l’entreprise. A noter que pas une seule fois, on m’a dit “c’est bon tu peux rester”, en passant. Les “anciens” interim sont embauchĂ©s, je me dis “cool, je suis le prochain dans la logique des choses”.
Premier gros souci : après le dĂ©part des 2 autres intĂ©rim, qui deviennent dĂ©clarants, une personne est embauchĂ©, logique, sur le poste occupĂ©, il faut ĂŞtre minimum 2 personnes, 3 mĂŞme puisque 2 personnes sont de jour et une de nuit. Sauf que cette personne est un incompĂ©tent notoire. Il ne fait pas une minute d’heure supplĂ©mentaire et refuse de faire des taches “qui ne font pas partie de mon travail”. Bien sĂ»r, quand il refuse, c’est moi qui doit m’en occuper. Non, pas parce que je suis bonne poire, tout simplement car c’est notre travail d’Ă©pauler les dĂ©clarants. Quand ils demandent quelque chose, Ă moins que tu n’ai un autre travail important, tu dois d’abord faire la tache demandĂ©e.
Ce premier point m’Ă©nerve, mais le second est pire que tout : cette personne va travailler un mois entier, me donnant toujours plus de taches Ă faire derrière, et PAS une fois il ne sera testĂ©. Au bout d’un mois enfin, le chef me demande mon avis. Bien sĂ»r, je lui dit ce qu’il ne va pas, et il sera Ă©jectĂ© (Ă noter que mon avis n’Ă©tait pas vraiment dĂ©cisif, il n’a pas Ă©tĂ© Ă©jectĂ© suite Ă mon avis hein). Ce qui m’a Ă©nervĂ©, c’est que si j’avais fait ce qu’il faisait, j’aurais Ă©tĂ© virĂ© au bout d’une semaine Ă tout casser.
Bref. Les semaines s’Ă©coulent, puis les mois. Plusieurs intĂ©rimaires viennent puis repartent, moi ou un autre devant toujours les former, sans aucune prime pour ce faire. DĂ©but 2008, nous ne sommes plus que deux. Fort heureusement, l’autre intĂ©rimaire est sympa et bosseur, je m’entend bien avec lui et donc ça se passe bien, mĂŞme si, plus on reste travailler, plus on nous assigne des taches ; normal vu qu’on devient “ancien” et plus compĂ©tent. BĂ©mol : notre salaire ne sera jamais augmentĂ© (Ă part l’augmentation normale du mois de juillet) par rapport Ă ces nouvelles taches.
Après un an, j’ai demandĂ© une augmentation, qui m’a Ă©tĂ© accordĂ©, 50 centimes de plus par heure (une augmentation de dingue sachant que les embauchĂ©s gagnent au moins 2 fois plus que nous).
L’augmentation a aussi Ă©tĂ© allouĂ© au collègue qui n’a rien demandĂ©. Tant mieux d’un cĂ´tĂ©, mais de l’autre, et ce fut un autre problème qui me pesait de plus en plus, j’avais depuis 2008 le statut de “chef interim”, qui dirigeait (plus ou moins hein) les nouveaux interim. Un statut gĂ©nial, mais qui ne t’apportait que des emmerdes : t’Ă©tais pas payĂ© plus que les autres, et c’est toujours toi qui prenait tout dans la gueule. Il n’Ă©tait pas rare qu’on me demande 4 choses en mĂŞme temps. Et de temps en temps, quand je tentais de m’appuyer sur les autres interim (les nouveaux, chez l’ancien, pas de souci -oui, sans les noms, c’est plus difficile Ă raconter), il n’Ă©tait pas rare qu’ils fassent une couille et que ça me retombait dessus. SystĂ©matiquement.
Mais je crois que j’ai vraiment commencĂ© Ă dĂ©tester le travail lors de l’arrivĂ©e d’un nouvel intĂ©rim, courant 2008. Ce fut l’intĂ©rim le plus incapable que j’ai pu voir. Bien sĂ»r, ce fut Ă moi de le former. Bien sĂ»r, personne ne l’a jamais contrĂ´lĂ©. Mais pire encore : vu qu’il Ă©tait fĂ©ru de foot, comme beaucoup pratiquaient ce sport, il fut rapidement intĂ©grĂ© Ă l’entreprise. Mais pendant qu’il tapait la discut’, on se tapait le boulot. Il Ă©tait lent dans son travail qui plus est. Mais au lieu de le desservir, ca l’a aidĂ© finalement. Alors que moi j’arrivais normalement, sans sueur ni rien, parce que je savais travailler Ă bon rythme, lui torchait le travail, devait courir Ă la fin.
Et entre une personne suante et l’autre qui n’a rien, finalement, on va croire que c’est ce dernier qui n’en glande pas une. GĂ©nial.
Il avait aussi une technique secrète, que je n’ai jamais pu apprendre : faire semblant de bosser.
Au boulot, je dĂ©teste ĂŞtre inactif. Mais vraiment. Mais Ă certains moments, il n’y a rien Ă faire. Et surtout, le matin notamment, il nous Ă©tait impossible de prendre ne serait-ce qu’une seule pause. A cĂ´tĂ©, t’avais les dĂ©clarants qui fumaient, qui prenaient des pauses rĂ©gulières. Alors des fois, eh bien, je tentais de me dĂ©tendre un peu, de prendre une pause. A ces rares moments, tu peux ĂŞtre SUR que le chef arrivait et me demandait ce que je faisais. Si j’osais rĂ©pondre “rien”, il me refilait un boulot Ă la con (et mĂŞme si je disais que je prenais une pause, le boulot m’Ă©tais quant mĂŞme assignĂ©).
Et justement, cet intĂ©rim avait une technique secrète, il se mettait devant l’Ă©cran, un papier Ă la main et faisait semblant de lire ou rĂ©flĂ©chir. Il n’a jamais eu de souci. Je n’ai jamais pu faire cette technique puisque je ne peux pas rester inactif, surtout devant un papier Ă la con.
Mais ça ne s’arrĂŞte pas lĂ . Pendant cette pĂ©riode, un quatrième intĂ©rim fut embauchĂ©. Lui travaillait assez rapidement, ça allait de ce cĂ´tĂ©. Mais il s’est rapidement mis en tĂŞte de crĂ©er sur excel une application allant nous aider au travail.
Il a fait un bon boulot, je l’admets sans problème. Mais pendant qu’il codait (toujours aidĂ© d’internet), nous faisions encore une fois le sale boulot. Et les gens ont gardĂ© de lui l’idĂ©e qu’il nous a fait une super application. Ce fut le cas, mais 2 gros problèmes sont Ă noter :
a) si ni moi ni l’autre intĂ©rim n’avons fait une application du genre, bien qu’on en avait les capacitĂ©s, c’est simplement car personne ne l’avait demandĂ©, et qu’on ne voyait pas trop l’intĂ©rĂŞt de faire des choses pareilles pour n’avoir aucun remerciement, ni prime
b) ce logiciel Ă©tait trop rapide. En gros, il menaçait un emploi chez les interim. Avant, il fallait 5-10 minutes quand t’Ă©tais rodĂ© pour faire le formulaire ; dĂ©sormais, il ne fallait que 2 minutes environ.
Pour faire plus simple, ce métier était totalement injuste au niveau des taches, certains devaient tout faire tandis que les autres se tournaient les pouces.
Summum du n’importe quoi : cela faisait plus d’un an que j’Ă©tais dans cette boite, mon collègue 8 mois. Eh bien, il fut question pendant un long temps d’embaucher l’intĂ©rim glandeur. Je vous dis pas les tensions.
Mais pourquoi ce n’Ă©tait pas moi qui allait ĂŞtre embauchĂ©, dans ce cas ? Mais oui, bien sĂ»r ! Je ne parlais pas allemand. Certes, quelques fois, rarement en fait, il fallait rĂ©pondre Ă des clients allemands. Mais plusieurs personnes auparavant ont Ă©tĂ© embauchĂ©s alors qu’ils ne parlaient pas allemand. En fait, on ne voulait pas nous embaucher, tout simplement (le glandeur ne parlant pas allemand non plus).
Vers la fin 2008, palliant Ă une logique imparable (de plus en plus de dĂ©clarants partaient, dĂ©missionnaient ou Ă©taient malades), on commença Ă dĂ©clarer. Sous certaines contraintes bien sĂ»r, mais disons que normalement, le travail de dĂ©clarant ne peut ĂŞtre donnĂ© qu’aux embauchĂ©s, car le travail en lui mĂŞme peut faire passer des choses illicites dans le pays, ou confidentielles.
Et pourtant, on a commencĂ© Ă dĂ©clarer, en plus des autres taches, bien sĂ»r. Et comme d’habitude, la paye ne fut pas amĂ©liorĂ©.
Mais le coup de grâce me fut donnĂ© fin 2008. En gros, on m’a fait comprendre que je n’allais jamais ĂŞtre embauchĂ©. Raison officielle : je ne parle pas allemand. Le chef m’avait fait passer un ultime test de langue (allemand anglais), mais honnĂŞtement, je n’ai pas vraiment essayĂ©, je connaissais le rĂ©sultat de toutes façons. Il m’a dit “je m’attendais Ă mieux après 2 ans”, mais Ă quoi bon ? Je ne prĂ©tend pas avoir un niveau d’enfer en anglais ou en allemand, mais la majoritĂ© des colis ont les mĂŞmes articles, des habits, des Ă©charpes, de la bijouterie, des montres. Je pouvais très bien m’en sortir en dĂ©clarant, au pire, il y’a toujours les traducteurs ou les collègues, et Ă force, ce serait rentrĂ©. A part les appels en allemand, je pouvais faire ce mĂ©tier. Mais en plus du fait qu’il ne m’intĂ©ressait pas spĂ©cialement, tout ces tests Ă mon encontre m’ont dĂ©goutĂ© et m’ont fait abandonnĂ© l’idĂ©e de travailler dĂ©finitivement lĂ bas. Franchement, si j’avais Ă©tĂ© embauchĂ©, j’aurais appris l’allemand afin que mon niveau s’amĂ©liore. Mais pas Ă ce prix.
Car je ne vous l’ai pas dit, mais ce mĂ©tier avaient de nombreux inconvĂ©nients : oui, c’est bien payĂ© (quand tu es embauchĂ© je prĂ©cise, en tant qu’interim, c’est le smic), mais tu travailles les jours feriĂ©s, la nuit, les week end, t’as des quota, des responsabilitĂ©s, et on t’en demande toujours plus (ça par contre ça concerne et le mĂ©tier de dĂ©clarant, et le mĂ©tier d’intĂ©rim).
Mais il y’a une cerise sur le gâteau : dĂ©but 2009, après les 18 mois maximum du contrat temporaire, j’avais dĂ©jĂ dans l’idĂ©e de porter plainte de toutes façons, je tomba malade. Après 20 mois sans un jour de congĂ© (ah pardon, si, entre noel et nouvel an, mais non payĂ©, ce n’Ă©tait pas des congĂ©s), sans une maladie, j’eus l’erreur de tomber malade. Et malade du genre je ne peux plus me lever, j’Ă©tais pataud toute la journĂ©e, je restai au lit quasiment toute la première semaine. Seconde semaine de maladie, lundi : Ă©tant franchement encore dans le coton, je vais chez le mĂ©decin puis appelle la boite pour leur dire que je suis encore malade une semaine. Le collègue me dit alors que j’ai fait une grosse connerie, j’aurais du appeler dès ce matin. J’estime qu’il Ă©tait idiot de les appeler pour leur dire “je suis malade encore, je vous rappelle pour vous dire quand je reviens”, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© directement aller chez le mĂ©decin pour savoir quand je reviendrais.
Mais voilĂ , depuis quelques temps, on Ă©tait 4 interim, ils n’en voulaient plus que 3. Le collègue m’a alors fait comprendre que ça sentait le sapin pour moi. Je compris alors que le chef allait faire dans le simple, et virer la personne absente, peu importe son parcours.
Le lendemain, pour en ĂŞtre certain mais aussi pour qu’il me le dise en face, j’ai appelĂ© le chef, ait faire genre de lui annoncer jusqu’Ă quand j’Ă©tais malade, et lui ai mĂŞme dit “si vous voulez, je peux revenir travailler samedi”. Rire gĂŞnĂ©, puis annonce que je ne revenais plus. Avec quelques tentatives d’explications.
Alors, je suis quelqu’un de très comprĂ©hensif, et j’Ă©tais le premier Ă dire que 4 interim, c’Ă©tait trop. Mais me choisir parce que je ne suis pas la, c’est très lâche. Et me virer par tĂ©lĂ©phone, c’est la classe ultime.
Nota ben : les contrats de travail de l’interim ne portaient JAMAIS sur plus de 2 semaines. Donc officiellement, ce fut une “fin de contrat”, me mettant au cul tout mes droits.
Non, l’histoire ne s’arrĂŞte pas la. Parce que j’avais prĂ©vu le coup, et m’Ă©tais renseignĂ© sur le sujet : je m’Ă©tais dĂ©cidĂ© Ă porter plainte. J’ai Ă©tĂ© virĂ© dĂ©but de l’annĂ©e. Au chĂ´mage, j’ai commencĂ© plusieurs tâches, dont celle de constituer le dossier, ou en tout cas me renseigner. Bon, ce genre de dĂ©marches Ă©tant assez lourdes, ça a prit du temps, mais on a 2 ans après la fin du contrat pour porter plainte, donc pas de souci de ce cĂ´tĂ©.
Foutage de gueule ultime : arrivĂ© Ă l’Ă©tĂ©, un appel de l’interim. Ils voulaient me reprendre. N’ayant pas retrouvĂ© de travail, pour continuer de percevoir un chĂ´mage, je me dĂ©cida d’accepter, en me mettant un objectif : un mois. Je ne travaillerais pas plus. A noter que j’ai Ă©tĂ© rappelĂ© car un des intĂ©rim avait pris une semaine de vacances contre la volontĂ© du chef ; je ne connais pas les dĂ©tails mais Ă ce que j’ai compris, sa copine Ă©tait gravement malade, le chef lui a rĂ©pondu “non, pas de vacances, les intĂ©rim sont faits pour bosser” –> donc une fois embauchĂ©, on peut glander ? Enfin, pour dire que ce traitement Ă©tait (et est toujours d’ailleurs) pour toute personne, si t’es pas la une semaine ou plus, on te remplace et on te reprend plus.
Bon, honnĂŞtement, ce fut une grave erreur. Parce que, en mĂŞme temps, on m’avait proposĂ© un autre emploi d’un mois, je pensais alors qu’en reprenant mon ancien travail, ça allait au moins m’Ă©viter de commencer un travail Ă zĂ©ro. Sur ce point, je n’avais pas tord, mais en rĂ©alitĂ©, dès le premier jour, j’en avais ras le bol du travail. Tout simplement car rien n’avait changĂ©. En fait, dans l’esprit de tout le monde, cette coupure de plusieurs mois ne m’avait pas rouillĂ©s. C’Ă©tait on ne peut plus vrai hĂ©las, et dès le premier jour (!), on me donna un interim Ă former. GĂ©nial. Et le train train quotidien m’emplis dès le premier jour. J’ai eu beaucoup de mal Ă finir ce mois, plus d’une fois, je voulais arrĂŞter avant.
Le gros avantage, c’est que durant ce mois, j’ai rĂ©alisĂ© qu’une personne manquait Ă l’appel : un interim d’un service diffĂ©rent, qui Ă©tait lĂ depuis 3 ans sans ĂŞtre embauchĂ©. Il m’avait parlĂ© de porter plainte car il en avait aussi raz le bol (pour rester poli).
Tilt. Je pris rapidement ses coordonnĂ©es et le contacta. Il avait Ă©tĂ© virĂ© peu de temps avant mon “retour”, pareil, pour maladie (due au boulot), mais n’avait pas portĂ© plainte. Il s’Ă©tait renseignĂ© ci et la mais personne n’avait su vraiment le conseiller.
Je vous Ă©pargne les dĂ©tails, mais on a pris un avocat et on a bel et bien portĂ© plainte. J’avais entre temps tentĂ© de contacter une autre interim qui avait travaillĂ© pendant plus de 2 ans, mais ayant un boulot, elle ne voulait pas risquer de “salir” son cv parce qu’elle a portĂ© plainte.
Le dossier fut dĂ©posĂ© Ă la rentrĂ©e 2009, l’avocat nous certifiant notre victoire Ă 100% (90% pour moi).
Je vais passer les dĂ©tails encore une fois, mais globalement, on a eu une demande de compromis. J’ai acceptĂ© le compromis, parce que j’avais tout de mĂŞme envie que cette histoire se finisse, et surtout, l’avocat nous ayant dit que l’entreprise allait faire appel de toutes façons, et que l’affaire allait encore durer 3 ans… Je gagne donc une belle petite somme.
La raison de ce post ? On pourrait croire que ce post est pour me dĂ©fouler, c’est un peu le cas, mais un peu seulement, puisque je sais très bien que ce genre de pratique existe dans quasiment toutes les grandes entreprises, je ne me leurre pas. Non, si je vous dĂ©voile tout ça, c’est bien pour clamer haut et fort : non, ne vous laissez pas faire. Lorsque vous n’ĂŞtes pas en tord, rĂ©clamez. La justice a comme dĂ©faut de faire durer les choses, certes, mais ce n’est pas parce que vous avez en face une sociĂ©tĂ© internationale que vous perdrez forcĂ©ment ; il y’a des droits et des règles que toute entreprise sur le sol français se doit d’appliquer ; peu importe son chiffre d’affaire, son poids ou son nombre de salariĂ©s. Si l’entreprise est en tord, n’hĂ©sitez pas. Dans mon cas, le tord premier de l’entreprise est de faire signer en intĂ©rim alors que le poste est durable (je rappelle que l’intĂ©rim ne concerne que des postes Ă durĂ©e limitĂ©e, des remplacements provisoires ou pour des taches provisoires, saisonnier par exemple).
Et pourtant, on a tentĂ© de me dissuader Ă plusieurs reprises, par mĂ©connaissance du sujet surtout. On me disait que j’allais perdre et que les frais de justice couteraient chers ; pour les coĂ»ts, non, ce n’est pas donnĂ©, c’est Ă©vident. Mais si vous gagnez, vous ne devez pas les payer (Ă l’amiable, il est usage que chaque partie paye, j’ai donc du payer une certaine somme mais j’ai gagnĂ© 4 fois plus), et en ce qui concerne votre Ă©ventuelle victoire ou perte, renseignez vous ; les avocats peuvent très bien donner leur avis sans que vous n’ayez Ă dĂ©bourser le moindre centime. GĂ©nĂ©ralement, si la victoire est certaine, ils vous demanderont le paiement après le jugement ; sinon, en effet, il faudra payer avant.
Maintenant, j’aimerais rajouter 2 choses :
- si je ne mentionne aucun nom, aucun lieu, peu de dates (et imprĂ©cises), aucune entreprise, c’est, de un, par Ă©gard personnels, une histoire peut rapidement prendre des ampleurs gigantesques sur le net ; et surtout, de deux, parce que j’ai signĂ© un engagement qui me donnĂ© une obligation de neutralitĂ© sur cette affaire et que je ne doive rien dire ou Ă©crire qui puisse porter atteinte Ă la rĂ©putation ou aux intĂ©rĂŞts de l’autre partie.
- l’avocat m’a confiĂ© que la clĂ© de l’affaire Ă©tait mon chĂ´mage suite Ă mon renvoi : si j’avais retrouvĂ© du travail genre 1 mois après, l’affaire n’aurait pas Ă©tĂ© si loin, il n’y aurait pas eu, d’après la loi, un grand prĂ©judice…
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