Quelle est la chose la plus facile d’accès ?
Ce n’est certainement pas l’Ă©criture d’un livre. Pourtant, on pourrait le croire, sur le papier -c’est le cas de le dire- il suffit d’une plume, de feuilles, d’un peu d’idĂ©es, et hop ! Ou plutĂ´t, retranscrit Ă notre Ă©poque, d’un pc et d’une imprimante, et en plus, ça va beaucoup plus vite.
Mais en fait, il n’en est rien. Plus facile Ă dire qu’Ă faire, c’est l’expression qui sied Ă merveille Ă l’Ă©criture d’un livre. Alors, attention, je ne parle pas du tout en tant qu’Ă©crivain, je ne le suis pas, et ce n’est pas parce que j’ai pu Ă©crire 2-3 choses que je pense l’ĂŞtre, soyons d’accord.
Je parle en tant qu’anonyme ayant essayĂ© l’Ă©criture, rien de plus.
Alors, pourquoi ce serait difficile ? Eh bien, en premier lieu, c’est l’imagination. Écrire une histoire, c’est simple, Ă©crire une histoire structurĂ©e, tout de suite, c’est plus difficile.
GaĂŻana, par exemple, j’avais la fin, j’avais le hĂ©ros, j’avais le cĹ“ur de l’histoire, mais ça ne suffisait pas pour en faire un livre ou une histoire. Eh oui.
Ensuite, mine de rien, il faut avoir un minimum de syntaxe et d’orthographe. Attention cependant, la majoritĂ© des gens pensent qu’il faut ĂŞtre très douĂ© dans l’Ă©criture ; non, pas du tout. J’ai dĂ©jĂ pu lire plusieurs livres très simplistes, inutile d’avoir fait un Bac littĂ©raire ou d’avoir un Bac + 5 : il suffit de savoir Ă©crire, en fait.
Mais ça, si vous voulez, c’Ă©tait l’hors-d’œuvre. La base de la base. Le premier obstacle facile Ă franchir, par rapport au reste.
Car si tu as l’histoire et la capacitĂ© d’Ă©criture, il reste le gros du morceau Ă rĂ©aliser. C’est Ă dire… Écrire.
Oui, Ă©crire. Car il faut trouver le temps et la motivation pour ce faire. Et c’est très loin d’ĂŞtre simple. Car lorsque je parle de temps, imaginez bien que si vous avez 5-10 minutes dans la journĂ©e, ça ne suffira pas. Car avant d’Ă©crire, il faudra vous souvenir de l’histoire que vous avez Ă©crite, de la suite directe ainsi que tout les Ă©lĂ©ments antĂ©rieurs pour que votre histoire reste crĂ©dible. Il vous faudra donc, si vous n’avez pas Ă©crit pendant quelques temps, relire ce que vous avez Ă©crit, pour bien vous remettre dans le bain. Ensuite, Ă©videmment, il faudra une bonne dose de concentration et d’inspiration pour pouvoir Ă©crire sans trop de problème ; le “blanc”, ce terme qui dĂ©signe un manque d’imagination dans son histoire ; ou plutĂ´t, un manque d’imagination qui vous satisfait, n’est jamais trop loin.
Mais en plus du temps, il vous faudra ĂŞtre motivĂ© ! Car si vous commencez Ă Ă©crire, il faudra oublier toute distraction, tĂ©lĂ©phone, internet, livres, sorties, musiques, vidĂ©os, tĂ©lĂ©… Rien ne devra vous distraire.
Et en sachant cela, encore plus difficile de se motiver, surtout si on a d’autres choses Ă faire, ce qui fait office de cercle vicieux…
Et ce n’est pas tout. Car la motivation, ce n’est pas simplement le fait d’Ă©crire ou non. En effet, il y’a bien des Ă©lĂ©ments qui vous dĂ©motivent : notamment l’Ă©lĂ©ment clĂ©, c’est Ă dire, la fameuse question “pourquoi j’Ă©cris ?”
GĂ©nĂ©ralement, avant tout, et quoi qu’on en dise, on Ă©crit pour soi. Pour coucher sur papier une histoire qui nous parait intĂ©ressante, et qu’on aime retrouver en intĂ©gralitĂ©, bien ficelĂ©e, finement construite et clĂ´turĂ©e, surtout pour nous vider notre tĂŞte de cette histoire qui nous trottait dedans pendant quelques temps.
Mais, si l’histoire n’est Ă©crite que pour nous, cela implique bien des problèmes : lorsqu’un blanc survient, tu auras tendance Ă abandonner, lorsqu’une baisse de motivation, une envie de passer Ă autre chose ou un Ă©vènement qui te force Ă penser Ă autre chose arrivent, il y’a de fortes chances que tu repousses l’Ă©criture de ton livre Ă une date indĂ©terminĂ©e, souvent plusieurs mois voir annĂ©es, sans que personne ne te motive plus que cela pour continuer.
Car oui, Ă la base, un auteur, c’est une personne seule. Tu n’as ni impĂ©ratif financier, ne vivant pas de cette passion, ni fans Ă satisfaire, ni dĂ©lais. Et pour peu que ton entourage ne soit pas forcĂ©ment au courant de ton envie d’Ă©crire, tu resteras dĂ©sespĂ©rĂ©ment seul pour te motiver. Et le pire, c’est que des fois, tu ne sais mĂŞme pas pourquoi tu n’es plus motivĂ©, et personne ne pourra te l’expliquer.
Pour la petite anecdote, concernant GaĂŻana, je me souviens avoir bloquĂ© durant plusieurs mois pour une raison qui m’Ă©chappait. Après plusieurs mois sans Ă©crire un seul mot, je m’y suis remis. Et pour m’y remettre, je fus forcĂ© de relire le livre. Et lĂ , le dĂ©clic… En rĂ©alitĂ©, ce qui m’avait Ă´tĂ© toute motivation, ce qui m’avait enlevĂ© toute envie de continuer, c’Ă©tait simplement parce que j’avais fait partir l’histoire d’une façon qui ne me plaisait absolument pas, et qui bloquait l’histoire ! J’ai donc du supprimer plusieurs paragraphes pour pouvoir reprendre sereinement.
C’est dans ces moments lĂ qu’il apparait qu’ĂŞtre Ă©crivain, payĂ© pour cela, serait intĂ©ressant : poussĂ© par ton besoin financier, poussĂ© par ton Ă©diteur, et poussĂ© par tes fans. Au moins, tu aurais un minimum de motivation.
Mais une fois l’Ă©criture terminĂ©e, le livre n’est pas fini pour autant… De nombreux obstacle restent Ă gravir. En premier lieu, la relecture et la mise en page. C’est l’aspect “administratif” vital pour que ton manuscrit soit un minimum prĂ©sentable, mais c’est incroyablement ennuyeux Ă faire, surtout si ton livre fait plus de 200 pages.
Et une fois fini, un autre challenge t’attends : la reliure. Vous pensez que c’est simple ? En dehors du coĂ»t que ça occasionne (quelques euros on va dire, mais pour chaque exemplaire : si vous en imprimez 10, vous arriverez rapidement Ă une centaine d’euros), il faut en trouver ! Eh oui, les papeteries qui ont le matĂ©riel pour ne sont pas lĂ©gions, j’ai pu en trouver une qu’après une dizaine d’essais.
Et lĂ , nous rentrons dans la difficultĂ© suprĂŞme, Ă comprendre, sortir son livre. Si vous dĂ©sirez le distribuez juste Ă vos proches, ou mieux, si vous n’en voulez qu’un exemplaire pour vous mĂŞmes, pas de souci. L’histoire s’arrĂŞte lĂ , vous ĂŞtes fier de votre travail et tout s’arrĂŞte.
Mais gĂ©nĂ©ralement, une fois le livre terminĂ©, on va se dire “maintenant qu’il est fini, pourquoi ne pas tenter de le rentabiliser, d’en tirer quelques sous ?”
Et c’est vrai, pourquoi ne pas le faire ? Et lĂ , vous vous lancez dans une autre aventure. Car quand on parle de maison d’Ă©ditions, on pense forcĂ©ment Ă des grands noms comme Hachette, Castermann et autre GlĂ©nat. Sauf que. Sauf que ces maisons d’Ă©ditions sont Ă©normĂ©ment sollicitĂ©es, et qu’elles vont donc très soigneusement sĂ©lectionner les livres qu’elles vont Ă©diter.
En clair : les nouveaux auteurs, vos chances sont aussi Ă©levĂ©es que de gagner au loto. A moins d’ĂŞtre particulièrement douĂ© (ce qui reste possible, je le conçois) et de faire l’unanimitĂ©, ces maisons d’Ă©ditions ne vont pas vous ouvrir leurs portes.
Restera alors la seconde option : les autres Ă©diteurs. Lesquels ? Et lĂ , c’est le drame : en se penchant un peu sur ce sujet, on rĂ©alise bien vite que, non seulement il existe plusieurs centaines de maisons d’Ă©ditions (sisi), mais qu’en plus, la plupart sont spĂ©cialisĂ©es dans un domaine bien prĂ©cis : poĂ©sie, aventures, livres Ă©trangers, histoire, etc.
Il va donc falloir faire plusieurs tris avant d’envoyer quoi que ce soit.
Car, oui, Ă©videmment, vous ne le saviez pas ? 95% des maisons d’Ă©ditions refusent le format Ă©lectronique. Il vous faudra dĂ©poser votre manuscrit, et donc, bien souvent, l’envoyer par la poste, avec les frais que cela engendre. Et si vous voulez faire des Ă©conomies pour Ă©viter de devoir imprimer et relier une trentaine d’exemplaires de votre livre, soyez prĂ©venus : la majoritĂ© des maisons d’Ă©ditions vous renvoie votre manuscrit uniquement si vous payez les frais de port, sinon, ils le dĂ©truisent.
Donc soit tu imprimes et relis une trentaine de manuscrits et tu envoies tout en mĂŞme temps, ce qui te coutera bien plus d’une centaine d’euros, soit tu te limites Ă 4-5 exemplaires, mais tu perdras un temps Ă©norme, le temps que les maisons d’Ă©ditions lisent ton manuscrit, le jugent, le renvoient, ce qui prend souvent 2 mois au moins.
Et Ă©videmment, un peu comme pour les offres d’emplois, tu auras bien plus de refus que d’acceptation, Ă la diffĂ©rence près qu’au moins, tu auras toujours une rĂ©ponse, ce qui est dĂ©jĂ une bonne chose.
Seulement, les refus ne font jamais vraiment plaisir, et c’est toujours douloureux de savoir que ton livre n’est pas bon. De lĂ , 3 solutions s’offrent Ă toi : soit tu te fais une raison et tu abandonnes, soit tu persĂ©vères, soit tu “triches”.
Dans la solution de l’abandon, il faut ravaler sa fiertĂ©, et tu auras toujours l’impression d’ĂŞtre un Ă©crivain ratĂ©, ou mauvais, ce qui n’est pas forcĂ©ment vrai, car bon nombre de livres ne sont pas Ă©ditĂ©s non pas Ă cause de la qualitĂ© du livre, mais plutĂ´t de son contenu : si vous faites dans le politiquement incorrect, ou si vous traiter de sujet sensibles, il y’a des chances qu’on vous refuse votre livre uniquement Ă cause de son sujet. Après, il faut quand mĂŞme rester clairvoyant, et savoir se remettre en question : après 200 refus, il y’a des chances que la qualitĂ© du livre soit rĂ©ellement Ă remettre en cause, mais c’est difficile Ă avouer.
Dans la seconde solution, la persĂ©vĂ©rance, il y’a deux catĂ©gories : soit tu multiplies les soumissions aux Ă©diteurs, ou alors, tu remanies ton livre pour le rendre meilleur. Dans les deux cas, ça prend du temps et ça exige une motivation sans faille.
La dernière solution, enfin, la “triche”, c’est ce qu’on appelle le compte d’auteur. Kesaco ? Certains Ă©diteurs acceptent tout les ouvrages qu’on leur propose… A condition que l’auteur mette la main au porte monnaie et paie une partie de l’impression de son livre. Selon la taille du livre, le prix varie, mais pour un livre de 300 pages, comptez 3000-4000€. Eh oui !
Cette solution est idĂ©ale pour les auteurs en mal de reconnaissance : au moins, ils sont sur d’ĂŞtre publiĂ©s ! Par contre, en terme de qualitĂ© et de ventes, c’est une autre histoire… En effet, quel que soit la qualitĂ© de ton livre, il sera publiĂ©, ce qui t’ôte toute critique de la part de l’Ă©diteur, ce qui n’est pas vraiment valorisant. De plus, vu que c’est si “simple” de se faire publier, vous imaginez bien que le nombre de livres publiĂ©s est plus Ă©levĂ©s que la normal, et mĂŞme si l’Ă©diteur va mettre en avant votre livre sur sa page web pendant un temps, il ne fera pas grand chose de plus, Ă vous de faire votre propre publicitĂ©… Ce qui, pour certains, Ă´te toute qualitĂ© Ă l’Ă©diteur, certains considèrent ces Ă©diteurs comme des profiteurs sans scrupule, et c’est un peu vrai, puisque, au niveau financier, ils ne prennent aucun risque, vu que vous allez financer l’Ă©dition de votre livre, ils ne seront jamais perdant, par contre, vous, si le livre ne se vend pas bien, ce qui probable, car, lorsque je dis “ne se vend pas bien”, Ă comprendre, ne vous permet pas de rentabiliser votre investissement, ce qui fait qu’il vous faudra vendre au minimum un millier d’exemplaires, ce qui est loin d’ĂŞtre facile vu la concurrence.
Bref, vous l’aurez compris : Ă©crire un livre, ce n’est pas si simple. Cela exige une motivation et une volontĂ© sans failles, mais aussi, de nombreuses dizaines d’heures.
Cependant, de par son enrichissement d’un point de vue Ă©criture mais aussi culturel, car vous allez vous forcer Ă apprendre des choses pour le rĂ©aliser, de par sa satisfaction de le finaliser, je ne peux que vous conseiller d’aller au bout de vos idĂ©es, et d’Ă©crire votre livre, si vous en avez l’intention. Sachez juste que ce n’est pas si simple, mais ce billet n’a aucunement l’intention de dĂ©courager ou de dĂ©conseillez de vous lancer dans l’aventure. La preuve : j’en suis Ă 5 livres Ă©crits.. Et non publiĂ©s.
Pourquoi ? Car il existe une alternative, en ces temps d’internet : le net, justement. Amazon (et d’autres) proposent de publier tout vos ouvrages, les inconvĂ©nients sont au nombre de deux : d’abord, Ă©videmment, cela ne sera qu’en format Ă©lectronique, point de format papier, mais surtout, au niveau publicitĂ©, comme pour le compte d’auteur, c’est Ă toi de te dĂ©brouiller ! Tes livres pourront donc très bien n’avoir aucune vente pendant des annĂ©es, mais au moins, tu n’auras rien dĂ©bourser.
A vous de voir, dans tout les cas, bonne écriture, et bon courage !
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